Si, depuis 1922, la journée du 11 novembre commémore la date anniversaire de l’armistice de la Grande Guerre (mais aussi de la victoire et de la paix), la portée de cette journée a évolué en 2012 pour associer à cet hommage tous les soldats morts pour la France en opérations extérieures.  Cette année, la commémoration au pied de l’Arc de triomphe par le Président de la République prendra en plus une dimension particulière, puisque elle marquera le 100e anniversaire du choix du Soldat inconnu.

Croix de Guerre 1914-1918_avec 5 palmes et 1 étoileCet armistice du 11 novembre 1918, qui avait vocation à être temporaire (suspension provisoire des combats), se prolongea quand même jusqu’à la signature du traité de Versailles, le 28 juin 1919. On se rappelle tristement que le bilan de 1914-1918, c’est 10 millions de soldats morts (2 millions d’allemands et 1,5 million de français) et près de 9 millions de civils, pour plus de 60 millions de soldats mobilisés dans le monde. L’histoire retiendra que le jour le plus meurtrier fut le 22 août 1914, avec 27 000 morts, mais la vérité se situerait plutôt autour de 21 000. En réalité, le 25 septembre 1915 serait le jour le plus dur, durant lequel 23 500 Poilus décédèrent.

La croix de guerre 1914-1918

Mais si ce premier conflit mondial marque le début des guerres modernes, en phaléristique aussi, on peut malheureusement dire qu’il y eut un avant et un après. Tout d’abord, c’est la première apparition d’une croix de guerre, en 1915, pour matérialiser les citations obtenues sur le front (relire notre article sur les citations avec croix).

Les médailles commémoratives

Ensuite, dans la continuité du second empire, c’est la pérennisation des médailles commémoratives : celle de 1914-1918 évidemment (en deuxième position dans notre tableau), mais aussi toutes celles associatives (dites de société), qui vont marquer un moment précis du conflit : une bataille, une ville. Elles ne sont pas les premières médailles de société, les premières remontant au conflit de 1870 – si on excepte la médaille de Saint-Hélène – et servent avant tout à aider les vétérans, dans une époque où les mutuelles sont encore inexistantes.

Ci-dessous vous trouverez quelques médailles représentatives de cette époque. La première, ci-contre, est celle – associative – des vétérans de 1870. Les autres, apparaissent pendant ou bien des années après la fin du premier conflit mondial. La quatrième est la médaille commémorative de la campagne des Dardanelles (1915-1916), qui est une décoration officielle, alors que les autres, en majorité, sont associatives. La plus emblématique est celle de Verdun (en première position), qui deviendra presque officielle, tant elle sera massivement portée sur les uniformes (relire notre article sur les médailles associatives devenues officielles). Bien évidemment, il en existe de nombreuses autres, mais vous trouverez ci-dessous les plus connues :

Médaille commémorative de la bataille de Verdun (1916) Médaille commémorative de la Grande Guerre (1920) Médaille de Château-Thierry (1921) Médaille commémorative des Dardanelles (1926) Médaille de Saint-Mihiel (1936)
Médaille de la Marne (1937) Médaille d’Arras ou d’Artois (1954) Médaille commémorative de la bataille de la Somme (1956) Médaille des rescapés de l’Aisne dite du « Chemin des Dames » (1967) Médaille commémorative des combats de Champagne (1971)

 

L’insigne des blessés et les médailles à rubans mixtes

La Première guerre mondiale enfin, c’est aussi la création d’un insigne des blessés, d’abord sous la forme d’une étoile rouge sur la médaille commémorative en 1916, puis sous la forme d’une médaille associative, dont l’usage perdurera au fil des conflits, avant d’être officialisé en 2016 (relire notre article sur les médailles associatives devenues officielles). Vous trouverez en illustration une étonnante croix de guerre dont le ruban est associé à celui de la médaille des blessés. Ces associations sur une même décoration étaient courantes, même si non réglementaires, à l’image de ce second ruban mixte : Légion d’honneur, croix de guerre 1914-1918 ou de cette étonnante croix associant une fourragère :

Ruban mixte Croix de Guerre 1914-1918 et médaille des blessés
Croix de guerre 1914-1918 avec ruban mixte de la médaille des blessés Croix de guerre 1914-1918 avec ruban mixte de la Légion d’honneur Croix de guerre 1914-1918 avec 3 citations et fourragère miniature 

Aujourd’hui

Mais depuis la loi du 28 février 2012, le 11 novembre est aussi une journée d’hommage aux morts en opération extérieure. Les survivants des deux premiers conflits mondiaux s’éteignant, il était devenu évident de consacrer une journée en mémoire aux engagements contemporains. Phaléristiquement parlant, les deux croix ci-dessous, matérialisent à nos yeux, le sacrifice des soldats d’aujourd’hui : la croix du combattant, créée en 1930 à la suite de la guerre de 1914-1918 et aujourd’hui délivrée sur la plupart des engagements actuels (après 120 jours d’opérations) et la croix de guerre des Théâtres d’opérations extérieurs, créée en 1921 à l’occasion des campagnes en Pologne et en Orient. Elle n’est actuellement plus décernée et les dernières opérations ouvrant droit à son port remontent au printemps 1999, sur le terrain du Kosovo.

Croix du combattant Croix de guerre des théâtres d’opérations extérieurs