En ce 18 juin 2020, quatre-vingt ans après cet appel historique, nous ne pouvions pas ne pas évoquer la mémoire du général de Gaulle. « Revers de la médaille » oblige, nous allons revenir sur son parcours au travers de ses décorations et essayer de répondre à cette question : pourquoi le général de Gaulle ne porta plus ses décorations après le mois de juin 1940 ?

Le 18 juin 1940, lorsque le général de Gaulle invite « les officiers et les soldats français […] les ingénieurs et les ouvriers spécialistes des industries d’armement qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s’y trouver » à se mettre en rapport avec lui pour continuer le combat contre l’Allemagne, il porte pour une des dernières fois ses décorations militaires. Cette posture peut s’avérer étonnante s’agissant d’un général de brigade déjà cité à quatre reprises et arborant pourtant onze décorations officielles (dont quatre ordres étrangers), avec notamment le grade d’officier dans l’ordre de la Légion d’honneur .

Pour essayer de comprendre la pensée qui anime le futur chef de la France libre sur ce sujet, il faut se replonger dans les premières années vécues par Charles de Gaulle comme officier, mais également dans l’étroite relation qui le lie à Philippe Pétain, depuis sa sortie de Saint Cyr.

Première guerre mondiale

Le jeune Charles de Gaulle à 18 ans, en 1910 en tenue d’élève de Saint Cyr.

Dès sa sortie de Saint-Cyr (promotion « de Fez » comme Alphonse Juin), le sous-lieutenant de Gaulle rejoint le 33e régiment d’infanterie d’Arras, commandé alors par le colonel Pétain.

Lorsque la Première guerre mondiale éclate, Charles de Gaulle connaît son premier baptême du feu comme lieutenant le 15 août 1914. Rapidement, il a l’occasion de montrer ses facultés de commandement et son courage face à l’ennemi. Le 18 janvier 1915, quelques jours avant sa promotion au grade de capitaine, Charles de Gaulle fait l’objet d’une citation à l’ordre de la division pour avoir « exécuté une série de reconnaissances des positions ennemies dans les conditions périlleuses et rapporté des renseignements précieux ». Toutefois, il lui faut attendre la loi du 2 avril 1915 portant création de la croix de guerre 1914-1915 pour qu’il arbore sa première décoration avec étoile d’argent.

Le 7 mai 1916, Charles de Gaulle est à nouveau cité à l’ordre de l’armée (palme de bronze) pour avoir vaillamment défendu le village de Douaumont face à un assaut allemand le 2 mars 1916 : « le capitaine de Gaulle, commandant de compagnie, réputé pour sa haute valeur intellectuelle et morale, alors que son bataillon subissait un effroyable bombardement, était décimé et que les Allemands atteignaient sa compagnie de tous côtés, a enlevé ses hommes dans un assaut furieux et un corps à corps farouche, seule solution qu’il jugeait compatible avec son sentiment de l’honneur militaire. Est tombé dans la mêlée. Officier hors de pair à tous égards ».

À  l’occasion de cet assaut, il est blessé d’un coup de baïonnette allemande à la cuisse gauche avant d’être capturé. Cet événement pendant la bataille de Verdun vaudra à Charles de Gaulle une nouvelle citation à l’ordre de l’armée : « bien que blessé, il continua à être l’âme de la défense jusqu’à ce qu’il tomba inanimé sous l’action des gaz ». Cette citation accompagne sa nomination au grade de chevalier de la Légion d’Honneur le 23 juillet 1919. Ce fut d’ailleurs l’unique décoration pour laquelle Charles de Gaulle témoigna une satisfaction particulière, notamment lors de correspondances avec ses proches.

Interné en Allemagne jusqu’à la fin du conflit, il essaie à cinq reprises de s’évader, en vain. Quelques années plus tard, il obtient en octobre 1927 la médaille des évadés et une troisième palme de bronze à sa croix de guerre 1914-1918 : « fait prisonnier le 2 mars 1916, tenta par cinq fois de s’évader, repris, fut condamné à plus de 200 jours d’arrêts de rigueur. Modèle de courage, d’énergie et de ténacité ». Au sortir de la guerre, il estime malgré tout être un « revenant », un soldat inutile qui n’a servi à rien.

Le capitaine Charles de Gaulle et le capitaine Charrue en convalescence, après janvier 1915.

Consécutivement à la conférence de la paix, réunissant à Paris les vainqueurs et vaincus de la guerre en 1919, est créée, sous l’impulsion du maréchal Foch, une médaille interalliée 1914-1918 (dite « médaille de la Victoire »). Ayant commandé la 1re section de la 11e compagnie du 33e RI du 2 août 1914 au 2 mars 1916 avant d’être fait prisonnier, le capitaine de Gaulle se voit naturellement attribuer cette médaille (modèle officiel Morlon).

Pour sa campagne, Charles de Gaulle est également décoré de la médaille de Verdun, initiée à l’automne 1916 par le « groupe fraternel des évacués et réfugiés meusiens » comme insigne commémoratif de la bataille de Verdun, avant d’être attribuée dès le 26 avril 1922 par le conseil municipal de la ville à tous les anciens combattants qui en font la demande sous conditions de services.

Enfin, pour conclure sur le parcours phaléristique du futur chef de la France libre durant ce premier conflit mondial, ayant été blessé deux fois par balles, une fois par un coup de baïonnette et gazé, Charles de Gaulle reçut naturellement l’insigne des blessés de guerre (dont la forme officielle fut définie le 13 octobre 1916).

Entre-deux-guerres

Durant l’entre-deux-guerres, le capitaine de Gaulle poursuit dans un premier temps sa carrière militaire comme officier d’état-major, toujours sous la protection de Philippe Pétain.

Puis, il s’engage dans une nouvelle campagne militaire en Pologne au sein d’un pays qui recouvre son indépendance et proclame sa seconde République le 22 novembre 1918. La France, voyait dans cette campagne un moyen d’affaiblir l’Allemagne vaincue et de contenir le bolchévisme.

Au cours de ces 18 mois passés en Pologne en deux séjours, le premier comme instructeur en école d’infanterie et le deuxième comme conseiller au 3e bureau du groupe d’armées du Sud puis du Centre, Charles de Gaulle gagne une citation à l’ordre de l’armée, une décoration de la Russie du Sud et deux décorations polonaises.

Une citation à l’ordre de l’armée, tout d’abord, pour les services rendus au sein de l’état-major du général accrédité auprès du groupe d’armées polonaises du Sud. Cette palme accompagna la croix de guerre des théâtres d’opérations extérieurs (TOE), toute récemment instaurée par la loi du 30 avril 1921 et destinée « à commémorer les citations individuelles obtenues aux divers échelons des armées, par les militaires et civils, ainsi que les citations attribuées aux unités et formations militaires, au cours des interventions à l’étranger exécutées depuis le 11 novembre 1918, pour services de guerre caractérisés directement liés à l’intervention. »

Une décoration de la Russie du Sud ensuite, avec l’insigne de 3e classe de l’ordre de Sainte-Anne de Russie décernée par le général Piotr Nikolaïevitch Wrangel, alors à la tête du gouvernement de la Russie du Sud, opposée au bolchévisme. Cet ordre lui fut conféré le 22 décembre 1920 alors qu’il n’était plus officiel car supprimé par les bolchéviques en 1917 (comme tous les ordres russes). Toutefois, cet ordre continuait à être remis par les « russes blancs » qui peinaient alors à avoir une reconnaissance internationale.

Enfin, deux décorations polonaises : les cinquièmes classes de l’ordre du Virtuti Militari (nomination le 26 janvier 1922) et de l’ordre du Polonia Restituta (nomination le 14 mars 1923). C’est la première des deux décorations polonaises, réputée plus prestigieuse, que Charles de Gaulle arbora exclusivement.

Le chef de bataillon de Gaulle, dans les années 20

À son retour en France, le capitaine de Gaulle est chargé de cours d’histoire à l’École de Saint-Cyr, avant son admission à l’École supérieure de guerre en 1922.

Le chef de bataillon de Gaulle et Camille Bellaigue, au mariage de Marie Bellaigue et Jacques Vendroux à Calais.

Promu chef de bataillon le 25 septembre 1927, il prend le commandement du 19e bataillon de chasseurs à pied (BCP) à Trèves.

En novembre 1929, il est affecté à l’état-major des Troupes du Levant à Beyrouth, où il est responsable des 2e et 3e bureaux (renseignement militaire et opérations).

En récompense de ses services rendus durant ces deux années passées au Levant, le chef de bataillon de Gaulle se voit décerner la médaille d’honneur de 2e classe de l’ordre du Mérite syrien par arrêté du 17 février 1932.

Charles de Gaulle au Liban en 1930, avec son épouse Yvonne.

Proposé au grade d’officier de la Légion d’honneur dès 1929, après les dix ans réglementaires préalables à toute promotion dans l’ordre, il lui faut néanmoins attendre le 19 décembre 1934 pour être promu.

Seconde guerre mondiale

Quand la Seconde guerre mondiale éclate, le colonel de Gaulle commande alors le 507e régiment de chars de combat à Metz. Ayant jusqu’alors particulièrement théorisé l’utilisation de l’arme blindée, il ne se fait guère d’illusion quant à l’issue du conflit face aux forces allemandes et à leur doctrine de percée. Il sait d’avance que l’usage coordonné des forces blindées, mécanisées et aériennes (la Blitzkrieg ou guerre-éclair) sera redoutable pour l’armée française.

Pour autant, face aux envahisseurs allemands, le colonel de Gaulle, à la tête de la 4e division cuirassée mène courageusement les combats de Montcornet, Crécy-sur-Serre et Abbeville. Ses actions lui valent sa nomination au grade de général de brigade à titre temporaire (1er juin 1940) et d’être décoré de la croix de guerre 1939-1945 avec palme de bronze (cette décoration ne lui fut décernée qu’en juin 1946).

Le 5 juin 1940, Charles de Gaulle est nommé par Paul Reynaud sous-secrétaire d’État à la Défense et à la Guerre. À ce moment, sa carrière militaire prend un tournant politique. Il a alors pour mission de coordonner l’action avec le Royaume-Uni pour la poursuite du combat. Aussi, dès le 9 juin, il rencontre Winston Churchill, Premier ministre du Royaume-Uni.

Le gouvernement de Paul Reynaud avec Charles de Gaulle, sous-secrétaire d’État à la Défense nationale et à la guerre, en juin 1940.

Pourtant, onze jours seulement après sa nomination dans le corps des généraux, Charles de Gaulle quitte le Gouvernement après la démission de Paul Reynaud, remplacé par le maréchal Pétain qui demande l’armistice à l’Allemagne nazie.

Au lendemain de son appel du 18 juin 1940, le général de Gaulle est alors considéré comme un déserteur et un traître par le nouveau gouvernement préparant l’armistice. Le général Weygand, qui est ministre de la Guerre et accessoirement aussi son supérieur hiérarchique, lui donne l’ordre de revenir en France. Le 22 juin, ce dernier annule sa promotion au grade de général à titre temporaire avant que le président de la République Albert Lebrun ne prenne un décret mettant le colonel de Gaulle à la retraite d’office par mesure disciplinaire. Il est également décidé de le traduire devant le Conseil de guerre, qui le condamne à quatre ans de prison et à la déchéance de sa nationalité française. Il est par ailleurs exclu de l’ordre de la Légion d’honneur.

Une relation particulière avec Pétain

En regardant de plus près le parcours de Charles de Gaulle, on ne peut qu’observer la relation ambiguë qu’il entretint tout au long de sa carrière avec Philippe Pétain.

Car lorsque ce dernier fut son chef dès sa première affectation en 1912, au sein du 33e RI d’Arras, il perçoit rapidement les immenses qualités de Charles de Gaulle, bien qu’ayant déjà des désaccords sur la doctrine de guerre défensive défendue.

Quelques années plus tard, alors qu’il cherche à rentrer à l’Académie française, Philippe Pétain fait venir Charles de Gaulle à son cabinet pour rédiger le livre qu’il projette. Charles de Gaulle devient ainsi le collaborateur préféré du Maréchal et sa plume.

Ainsi, en 1924, il n’hésite pas à intervenir pour faire rehausser les notes de Charles de Gaulle alors en scolarité à l’École de guerre et dont l’indépendance d’idées et les postures stratégiques ne semblent guère plaire à ses professeurs. En effet, Charles de Gaulle conteste une fois de plus la doctrine de ses supérieurs, ayant une vision stratégique trop liée à la planification défensive et compartimentée du terrain, ce qui ne l’empêcha pas de se faire une réputation prometteuse. À  l’issue de sa scolarité, en 1924, Charles de Gaulle rejoint encore le maréchal Pétain au sein de son état-major du Conseil supérieur de la Guerre.

Au sujet de ses tentatives d’évasion lors de sa captivité en Allemagne, le maréchal Pétain écrivit le 31 mars 1927 : « ces cinq entreprises, bien qu’elles n’aient pas été couronnées par le succès final de l’évasion hors du territoire allemand, ont été menées avec une impétuosité, une audace, une ténacité, au mépris des dangers encourus et des sanctions à escompter, qui firent le plus grand honneur au capitaine de Gaulle, et méritent, incontestablement, à cet officier l’attribution de la médaille des évadés avec une citation dont le présent avis fournit les éléments. »

C’est ensuite grâce à l’appui de ce dernier, que Charles de Gaulle se voit affecté en novembre 1931 au secrétariat général de la Défense nationale à Paris. Ce nouveau poste est capital car c’est l’occasion pour lui de s’initier aux affaires de l’État, puisqu’il est chargé en particulier de travailler au projet de loi militaire. Le 25 décembre 1933, il est promu lieutenant-colonel.

Les premiers différends entre les deux hommes naissent à l’occasion de la publication de l’ouvrage La France et son Armée (1938), préparé depuis 1925 pour Philippe Pétain, et pour lequel Charles de Gaulle s’y était consacré deux années (sous le titre de Le Soldat). Mais, souhaitant étoffer la partie ayant trait à la Grande Guerre, le maréchal Pétain veut confier la suite du travail à un autre colonel, ce qui blesse particulièrement Charles de Gaulle.

En 1940, Charles de Gaulle portera même un jugement très dur sur le Maréchal : « Pétain est un grand homme, mort en 1925. Le drame, c’est qu’il ne l’a pas su ».

Du militaire au politique

En rejoignant Londres le 17 juin 1940, le général de Gaulle va progressivement quitter la posture militaire pour adopter celle du politique à la tête de la « France Libre », même si la tenue militaire ne le quittera pas jusqu’à la fin de la guerre 1939-1945. Comme il l’écrivit dans ses Mémoires de Guerre : « devant le vide effrayant du renoncement général […] c’était à moi d’assumer la France ».

Il adopte ainsi, dès juillet 1940, la posture du « chef politique » s’adressant à « tous les Français ».

Sur cette photo Charles de Gaulle porte les insignes d’officier de la Légion d’honneur, la croix  de guerre 14-18, la croix de guerre des théâtres d’opérations extérieurs et la médaille des blessés de guerre (cachée par sa manche). On peut noter qu’il porte ses rappels de rubans sur une barre à boules, à la manière dont ceux-ci se portaient après le premier conflit mondial.

Après le ralliement de l’Afrique équatoriale à la France Libre, le général de Gaulle cesse symboliquement de porter ses décorations pour les remplacer sur sa vareuse par les insignes des Forces françaises libres, avec comme emblème la croix de Lorraine, proposée par l’amiral Muselier.

À  ce moment-là, ses décorations sont les suivantes : 

De gauche à droite : officier de la Légion d’honneur, croix de guerre 1914-1918 (quatre citations), croix de guerre des TOE (une citation), médaille des évadés, insigne des blessés de guerre, médaille interalliée 1914-1918, médaille de Verdun, ordre de Saint Anne de Russie (3e classe), ordre polonais du Virtuti Militari (5e classe), ordre polonais du Polonia Restutita (5e classe) et médaille d’honneur du Mérite syrien (2e classe)

Le 16 novembre 1940, le général de Gaulle créé l’ordre de la Libération, destiné à « récompenser les personnes ou les collectivités militaires et civiles qui se seront signalées dans l’œuvre de libération de la France et de son Empire », reprenant comme insigne la croix de Lorraine et dont le premier chancelier fut l’amiral d’Argenlieu. Très attaché à cet ordre, Charles de Gaulle en reçut le collier de grand maître le 31 août 1947. D’ailleurs, c’est ce collier qu’il décida de porter pour sa photographie officielle de président de la République en 1958, quand bien même le protocole lui commandait de porter celui de la Légion d’honneur.

Sur cette photo, prise à Paris le 31 août 1947, le général de Gaulle vient de recevoir le collier de grand maître de l’ordre de la Libération.

Dans un processus d’unification de la Résistance et pour asseoir sa légitimité, Charles de Gaulle crée le 9 février 1943 la médaille de la Résistance française pour « reconnaître les actes remarquables de foi et de courage qui, en France, dans l’Empire et à l’étranger, auront contribué à la résistance du peuple français contre l’ennemi et contre ses complices depuis le 18 juin 1940 ».

Par la suite, estimant que sa carrière militaire s’était achevée le 18 juin 1940, il refusa systématiquement toute promotion de grade et ne porta jamais les insignes de grand-croix de la Légion d’honneur à sa boutonnière. Il en alla de même pour les décorations étrangères qu’il ne porta que lorsque le protocole l’exigeait.

Une austérité phaléristique 

Alors pourquoi le général de Gaulle ne porta plus ses décorations à partir de l’été 1940 ? Pourquoi est-ce qu’il fit preuve d’une étonnante austérité phaléristique, alors qu’il créa pendant son existence deux ordres, une décoration et en réforma vingt autres ? Plusieurs hypothèses se dessinent.

Tout d’abord, son opposition au maréchal Pétain et plus particulièrement au régime de Vichy peut expliquer ce changement brutal. N’oublions pas que Charles de Gaulle est rétrogradé colonel, déchu de la nationalité française et exclu de la Légion d’honneur. On peut d’ailleurs noter que le général Giraud fit de même et refusa de porter ses décorations « tant qu’il ne serait pas rentré vainqueur à Metz ». Plus globalement durant cette période, le général de Gaulle se montra prudent avec les décorations. Comme le lui rappelle Winston Churchill, il est « seul ». N’ayant pas la légitimité pour récompenser ses soldats avec les décorations existantes, c’est une des raisons qui le poussent à créer l’ordre de la Libération en 1940.

Ensuite, il faut noter que depuis la fin de la Première guerre mondiale, les grands chefs militaires ne portaient souvent plus que la médaille militaire (Joffre, Pétain) et faisaient eux-mêmes preuve d’une étonnante sobriété phaléristique.

Enfin, nous l’avons dit, à compter de juin 1940, le général de Gaulle devient un homme politique. S’il continue à garder l’uniforme militaire il entre pleinement dans la fonction de chef d’État. À  ce titre, en février 1946, le cabinet du ministre des Armées avait prévu de régulariser la situation du « colonel en retraite de Gaulle ». Il devait être progressivement promu a posteriori jusqu’au grade de général d’armée (1er décembre 1942) et à la dignité de grand-croix de la Légion d’honneur (15 août 1944). La médaille militaire devait lui être conférée le 8 mai 1945. Ayant été alerté de ce projet, le général de Gaulle refusa vigoureusement…

Quelques années plus tard, dans ses dernières volontés, « l’homme de Londres » rédigea : « je déclare refuser d’avance toute distinction, promotion, dignité, citation, décoration, qu’elle soit française ou étrangère. Si l’une quelconque m’était décernée, ce serait en violation de mes dernières volontés. »

Jusqu’à ce jour, son choix fut respecté.

Un grand merci à la grande chancellerie de la Légion d’honneur et au musée de la Libération pour les photos et ses travaux de recherche sur les décorations du général de Gaulle.