Depuis sa création officielle en 1915, le RICM s’est illustré à de nombreuses reprises pour devenir aujourd’hui le régiment le plus décoré de l’Armée française, avec neuf décorations et vingt citations, dont dix-neuf à l’ordre de l’armée.

Dans cet article, nous vous proposons de revenir sur la glorieuse histoire du « Premier régiment de France » à travers les nombreuses décorations françaises et étrangères qu’il a reçues en l’honneur de ses actions et de sa valeur…

Mon régiment est le premier de France. RICM, dont le Drapeau flottant Des grands Aînés rappelle la vaillance. Debout les gars et toujours en avant !

Refrain du chant du RICM

L’histoire du RICM

Première guerre mondiale

Le RICM trouve ses racines en août 1914 dans la réunion de trois bataillons d’infanterie coloniale, stationnés depuis 1911 au Maroc, en une unité : le 1er régiment mixte d’infanterie coloniale. Devenu 1er régiment de marche d’infanterie coloniale en décembre, il débarque sur le front de la Grande Guerre le 17 août 1914.

Après avoir pris le nom de régiment d’infanterie coloniale du Maroc (RICM) le 9 juin 1915, il reçoit son drapeau des mains du président Poincaré.

Le drapeau du RICM pendant la Grande Guerre

Pendant les quatre années de conflit, le régiment livre de nombreuses batailles qui lui permettent d’obtenir un total impressionnant de dix citations à l’ordre de l’armée sur sa croix de guerre 1914-1918, un record qui permit au régiment d’être l’une des deux seules unités (avec le régiment de marche de la Légion étrangère) à recevoir la fourragère double aux couleurs de la Légion d’honneur et de la croix de guerre.

Parmi ces faits d’armes, le principal reste la prise du fort de Douaumont, ce dernier étant considéré par l’empereur allemand Wilhelm II comme « la pierre angulaire de la défense de la plus puissante forteresse ennemie ». L’assaut marque un tournant décisif dans la bataille de Verdun et vaut au régiment sa troisième citation et, surtout, la Légion d’honneur, au prix de 852 tués ou blessés, dont 23 officiers.

Le 24 octobre 1916, renforcé du 42e bataillon sénégalais et de deux compagnies Somalis, a enlevé d’un admirable élan les premières tranchées allemandes ; a progressé ensuite sous l’énergique commandement du lieutenant-colonel Régnier, brisant successivement les résistances de l’ennemi sur une profondeur de deux kilomètres. A inscrit une page glorieuse à son histoire en s’emparant d’un élan irrésistible du fort de Douaumont et conservant sa conquête malgré les contre-attaques de l’ennemi. 

Décret du 13 novembre 1916 attribuant la Légion d’honneur au RICM

Cette page de gloire de l’histoire des troupes coloniales est aussi à l’origine de la devise du régiment, Recedit Immortalis Certamine Magno (« il revint immortel de la grande bataille »), dont les initiales forment d’ailleurs « RICM ».

Entre-deux-guerres

Le premier insigne du RICM faisait figurer la médaille militaire aux côtés de la Légion d’honneur et de la croix de guerre 1914-1918

Après la guerre, d’autres décorations viennent s’ajouter au drapeau du régiment afin de récompenser les actes d’abnégation et de sacrifice dont a fait preuve le RICM entre 1914 et 1918, à savoir la médaille militaire, attribuée le 5 juillet 1919, et l’ordre militaire de la Tour et de l’Épée de Valeur, de Loyauté et de Mérite, la plus haute distinction portugaise, remise au régiment par l’ambassadeur du Portugal le 4 mars 1922.

À la suite de la signature du traité de Versailles en 1919, qui implique notamment une présence militaire française en Rhénanie, le régiment est stationné à Ludwigshafen (Allemagne), jusqu’à son retour au Maroc en 1925.

Il est alors engagé dans la guerre du Rif face aux tribus berbères jusqu’en 1927, ce qui lui vaudra de se voir décerner la médaille du Mérite militaire chérifien par le sultan du Maroc le 29 novembre 1932, en récompense des services exceptionnels que le RICM a rendu au protectorat français, aussi bien pendant le conflit que lors des opérations d’après-guerre.

Seconde guerre mondiale

Après avoir combattu la Wehrmacht jusqu’en juin 1940, le régiment est dissout, puis reconstitué en Afrique du Nord en novembre, avant d’intégrer la 1re armée française du général de Lattre de Tassigny. Le RICM participe alors au débarquement de Provence d’août 1944 et prend part à la course au Rhin. Il devient ainsi la première unité à atteindre le fleuve à Rosenau (68), le 20 novembre.

Un marsouin du RICM trempe le fanion de son escadron dans les eaux du Rhin

Son comportement exemplaire au combat lors de sa progression lui vaut deux citations à l’ordre de l’armée sur sa croix de guerre 1939-1945 et le droit au port permanent, pour les militaires du régiment, de la Presidential Unit Citation le 10 avril 1945, une prestigieuse décoration collective américaine venant récompenser « l’extrême héroïsme et l’ardeur montrés par le RICM, qui reflètent les plus hautes vertus de l’Armée française ».

Après-guerre

Dès le mois de novembre 1945, le RICM débarque à Saïgon pour contribuer à rétablir l’autorité française en Indochine, bien que la guerre finisse par éclater entre la France et les Viet-Minh en décembre 1946. L’engagement quasi systématique du régiment jusqu’en 1954 lui vaut cinq citations sur sa croix de guerre des théâtres d’opérations extérieurs, auxquelles s’ajoutent quinze citations décernées à ses diverses unités.

L’Indochine fait partie des batailles inscrites sur le drapeau du RICM

Quelques années après le conflit, l’Union française est démantelée ; l’infanterie coloniale devient alors l’infanterie de marine. Le RICM change donc de nom, en conservant toutefois ses glorieuses initiales, et devient le régiment d’infanterie chars de marine en 1958.

Opérations extérieures

Écusson de l’opération Sangaris (2013-2016)

De retour en métropole, le RICM est cantonné à Vannes (56) de 1963 à 1996, puis à Poitiers (86) depuis septembre 1996.

L’ère des opérations extérieures (OPEX) le fait participer à de nombreuses missions, notamment au Liban (opération Daman) et en Côte d’Ivoire (opération Licorne), pour lesquelles le régiment obtient deux citations à l’ordre de l’armée sur sa croix de la valeur militaire, mais également en République centrafricaine (opération Sangaris), où il reçoit sa vingtième citation, la dernière en date (datée du 21 mars 2022) et la première à l’ordre de la brigade. 

Les décorations du RICM

Décorations françaises et étrangères

De gauche à droite : Légion d’honneur, médaille militaire, croix de guerre 1914-1918 (dix palmes), croix de guerre 1939-1945 (deux palmes), croix de guerre des théâtres d’opérations extérieurs (cinq palmes), croix de la valeur militaire (deux palmes et une étoile de bronze), ordre militaire de la Tour et de l’Épée de Valeur, de Loyauté et de Mérite (Portugal), médaille du Mérite militaire chérifien (Maroc), Presidential Unit Citation (États-Unis)

Fourragères

Outre la Presidential Unit Citation, les marsouins du RICM portent :

Les fourragères du RICM
  • la fourragère double aux couleurs de la Légion d’honneur et de la croix de guerre 1914-1918 (récompensant ses dix citations à l’ordre de l’armée pendant la Première guerre mondiale), avec une olive aux couleurs de la croix de guerre 1939-1945 (récompensant ses deux citations pendant la Seconde guerre mondiale) ;
  • la fourragère aux couleurs de la médaille militaire avec une olive aux couleurs de la croix de guerre des théâtres d’opérations extérieurs (récompensant ses cinq citations lors des conflits extérieurs).

Pour en savoir plus, consultez notre page sur les fourragères !

Conclusion

Ayant participé à toutes les campagnes françaises depuis 1915 et titulaire des plus hautes décorations, le RICM continue d’incarner les plus belles vertus militaires mises au service de la paix et à contribuer au renom des armes de la France dans le monde entier.

Pour faire suite à cet article sur l’une des unités les plus prestigieuses de l’Armée française, nous nous intéresserons prochainement à l’histoire du 3e régiment étranger d’infanterie, le régiment le plus décoré de la Légion étrangère.

 

Merci au CBA Ronan de LANLAY, officier tradition du RICM, pour sa contribution à cet article.