Généralités

L’ordre de l’Étoile de Mohéli est un ordre souverain de l’Union des Comores mais aussi la plus haute distinction honorifique de l’île de Mohéli.

Pour tous ceux qui n’ont pas une parfaite connaissance de l’Océan Indien, les îles des Comores sont rassemblées au sein de l’Union des Comores depuis 1975. Il s’agit d’un État d’Afrique australe situé dans le Nord du Canal du Mozambique, un espace maritime de l’Océan Indien. D’un point de vue géographique, l’archipel des Comores est quant à lui composé de quatre îles : celles formant l’Union des Comores (Grande Comore, Mohéli et Anjouan) et Mayotte (département et région d’outre-mer français).

Depuis le 30 juillet 2018, une constitution a été adoptée par référendum mettant en place un calendrier quinquennal (instauré par l’Accord de Fomboni de 2001) de présidence tournante entre les trois îles de l’Union des Comores. 

Les origines de l’Ordre

La reine Djoumbé Fatima lors de sa venue en France à Paris en 1868

La Reine Djoumbé Fatima (1836-1878), fille du Sultan Abderrahman, frère du Roi de Madagascar Radama II, règne sur l’Île de Mohéli de 1841 jusqu’en 1872, où elle abdique au profit de son fils, le Sultan Mohamed. Au décès de ce dernier survenu en 1874, elle remonte sur le trône qu’elle laissera lors de disparition en 1878. 

Création de l’Ordre en 1851

En 1851, la reine Djoumbé Fatima, de son vrai nom Fatima Soudi bint Abderremane, crée l’Ordre de Mohéli. À l’origine, cet ordre ne comprenait qu’un échelon : il s’agissait d’une étoile à six branches, en or, avec un croissant sur un centre circulaire émaillé de blanc avec autour, l’inscription « Mardjiani, Sultan de Mohéli », suspendu à un anneau oblong. Le ruban était rouge avec un grande étoile blanche brodée.

Au cours de la même période, les sultans des autres îles de l’archipel, Anjouan et Grande Comore, créent aussi leur ordre : l’ordre royal de l’Étoile d’Anjouan et l’ordre de l’Étoile de la Grande Comore.

Première réforme de l’Ordre

En 1885, après l’assassinat de son frère, la Reine Salima Machamba (1874-1964), qui n’a que 12 ans, monte sur le trône à la demande du peuple. Étant encore mineure, un régent est nommé en la personne de Mahmoud Saïd Mohamed. Ce dernier, en 1888, réforme l’ordre de l’Étoile de Mohéli pour calquer son organisation sur ceux déjà existants, notamment celui de la Légion d’honneur. À partir de cette date, l’ordre de l’Étoile de Mohéli est organisé en cinq classes : chevalier, officier, commandeur, grand officier et grand’croix.

L’insigne de l’ordre est alors composé d’une simple étoile dorée à six branches, frappée en son centre d’un plateau blanc sur lequel est alors posé un croissant doré, surmonté d’une étoile à cinq branches et entouré de la mention gravée sur l’encadrement du plateau des mots de : « Mardjiani, sultan de Mohéli » et suspendu à un ruban rouge par une bélière rectangulaire. Une autre version de cet ordre existe toujours avec le même insigne et les mêmes mentions mais avec un ruban rouge surmonté d’une étoile blanche, correspondant (a priori) au grade d’officier.

Insigne de chevalier
Insigne d’officier

De diffusion confidentielle depuis son origine, l’ordre connaîtra surtout une publicité auprès des marins et fonctionnaires français en escale au Comores.

Disparition de l’Ordre en 1902

Alors que l’archipel des Comores est sous protectorat français depuis 1886, la reine Salima Machamba (petite fille de la Reine Djoumbé Fatima) est exilée en janvier 1896 par décret du 23 janvier 1896 qui plaçait l’île de Mohéli sous la « surveillance » du résident d’Anjouan.

La reine de Mohéli part donc sur l’île de la Réunion, pour y « parfaire son éducation ». C’est là qu’elle rencontrera en 1900 un gendarme bourguignon, en poste à La Réunion, qui s’appelait Camille Paule et qu’elle décidera d’épouser le 28 août 1901 en la mairie et la cathédrale de Saint-Denis de la Réunion. Mais en devenant Française, par mariage, l’administration française demandera à la reine de Mohéli de choisir entre son trône et son mariage.

Ursule Salima Machamba, la dernière reine de Mohéli, en compagnie de son mari, Camille Paule, et de leurs enfants : Louise et Louis.

En signant en 1902, son acte de renonciation au trône et à toutes ses prérogatives avec la France, en échange d’une pension, Ursule Salima Machamba choisira de suivre son époux et s’installera en France, quittant définitivement l’Océan Indien.

L’ordre de l’Étoile de Mohéli cessera alors d’être attribué, à l’inverse de l’ordre de l’Étoile d’Anjouan, qui deviendra en 1892 une décoration coloniale française, et de l’ordre de l’Étoile de la Grande Comore, dont nous parlerons ci-après.

En 1904, le rattachement juridique officiel entre toutes les îles de l’archipel des Comores sera suivi le 9 avril 1908 d’un second décret rattachant officieusement Mayotte et ses dépendances à Madagascar.

En date du 12 septembre 1908 à Tananarive, le Sultan de la Grande Comore, acceptera à son tour de renoncer à la souveraineté de son île, contre une pension et le principe même de la reconnaissance de l’ordre de la Grande Comore, qui adopte ses nouveaux statuts par ordonnance du 3 février 1910 prise en marge de l’acte solennel d’abdication signée cette même date à Paris.

L’ordre de l’Étoile de Mohéli, de diffusion confidentielle, disparait alors progressivement dans le paysage phaléristique des Comores, sauf pour quelques marins et fonctionnaires français en escale au Comores, contrairement aux autres ordres comoriens. En effet, alors que la famille royale des Comores, conserve à son bénéfice l’ordre de l’Étoile de la Grande Comore, l’ordre royal d’Anjouan lui deviendra une décoration coloniale française

Rétablissement de l’Ordre en 2003

Insigne de chevalier de l’Ordre de l’Étoile de Mohéli (2003-2005)

L’archipel des Comores (sauf pour l’île de Mayotte qui reste française) obtient son indépendance en 1975. Suite à la nouvelle constitution de 2001, les îles de l’archipel obtiennent une certaine autonomie. L’ordre de l’Étoile de Mohéli est ainsi rétabli par le président de l’île de Mohéli, Mohamed Saïd Fazul, le 23 mars 2003, sur proposition de l’actuel chancelier de l’ordre, Bertrand Flobert. Si l’organisation de l’ordre reste inchangée, la décoration évolue pour troquer son traditionnel ruban rouge, pour un ruban rouge à trois bandes verticales blanches. 

Cette évolution vise à se conformer avec le règlement de la grande chancellerie de la Légion d’honneur en évitant ainsi toute confusion possible avec l’ordre national français. Ce fut d’ailleurs le cas de l’ordre de l’Étoile d’Anjouan, qui remplaça le rouge par du bleu liseré d’orange, et de l’ordre de l’Étoile de la Grande Comore, qui remplaça le rouge par du vert liseré de blanc.

Insigne de chevalier de l’ordre de l’Étoile de Mohéli (1851)
Insigne de chevalier de l’ordre de l’Étoile de la Grande Comore (1886)
Insigne de chevalier de l’ordre royal de l’Étoile d’Anjouan (1874)
Insigne de chevalier de l’ordre du Croissant vert (couleur du ruban inchangée depuis sa création en 1965)
 
 
Insigne de chevalier de l’ordre de l’Étoile de Mohéli (2005)
Insigne de chevalier de l’ordre de l’Étoile de la Grande Comore (1910)
Insigne de chevalier de l’ordre de l’Étoile d’Anjouan (1899)

À l’occasion de la restauration de l’ordre, le président de l’île autonome de Mohéli déclara : « Cette décoration sera destinée aux amis de Mohéli qui servent ou ont servi les intérêts de l’île sur tous les plans ».

Le 21 février 2005, à Paris, symboliquement et officiellement, l’une des petites-filles de la dernière Reine de Mohéli, Anne Etter, a remis la plus haute distinction de l’ordre, le Grand Cordon, au président de l’île de Mohéli, Mohamed Saïd Fazul.

La même année, il fut décidé de changer l’insigne de l’ordre tout en conservant le ruban rayé rouge et blanc, les six pointes de l’étoile et le même plateau.

Cravate de commandeur de l’ordre de l’Étoile de Mohéli

Actuellement, le grand maître de l’ordre est le président en exercice de l’île de Mohéli, Mohamed Saïd Fazul. En France, le chancelier de l’ordre est Bertrand Flobert, qui préside également l’association des membres de l’ordre de l’Étoile de Mohéli (AMODEM).

Les autres ordres des Comores

Premier ordre insulaire de l’archipel des Comores, l’ordre de l’Étoile de Mohéli fut ensuite rejoint après sa création en 1851 par :

  • l’ordre royal de l’Étoile d’Anjouan (1874) ;
  • l’ordre de l’Étoile de la Grande Comore, dit « Saïd Ali » (1866) ;
  • l’ordre du Croissant vert (1965). 

L’ordre de l’Étoile d’Anjouan

Lorsque la France annexa Mayotte en 1843, elle obtint une clause autorisant l’installation d’un agent français à Anjouan, l’une des trois grandes îles de l’archipel des Comores. L’île, aussi appelée N’souani (île de la Main) fut placée sous protectorat français en 1886 puis incluse dans la colonie de Madagascar.

Avant la création du protectorat, le sultan d’Anjouan Saïd Mohamed, en signe d’amitié pour la France, créa l’ordre royal de l’Étoile d’Anjouan, « institué pour récompenser ceux qui auront rendu des services tant au Sultan qu’à la France » et qui fut réorganisé en 1892.

L’insigne de l’ordre, en argent pour les chevaliers et les officiers, en vermeil pour les commandeurs, grands officiers et les grands-croix, consistait à l’origine en une étoile à huit rayons doubles, surmontée d’un anneau. Le centre de l’étoile, émaillé de blanc, présente un croissant surmonté d’une main environnée de caractères arabes et entouré d’un listel d’or portant la légende « ordre royal d’Anjouan ».

L’adjectif « royal » fut supprimé et les caractères en arabe disparurent à la suite d’une décision du grand chancelier de la Légion d’honneur en date du 16 août 1907. Le ruban, originellement rouge liseré de blanc, devint bleu liseré d’orange en 1899.

En 1946, l’ensemble de l’archipel des Comores obtint l’autonomie administrative et financière comme territoire d’outre-mer. Néanmoins, l’ordre de l’Étoile d’Anjouan fut supprimé en décembre 1963, avant d’être recréé en 1992.

Source : legiondhonneur.fr

L’ordre de l’Étoile de la Grande Comore, dit « Saïd Ali »

Créé en 1866 par le sultan de la Grande Comore, Saïd Ali bin Said Omar, et réorganisé en 1910, il fut assimilé aux ordre coloniaux par la France. Il est toujours décerné par la chef de la maison royale de la Grande Comore.

Source : Wikipedia

L’ordre du Croissant vert

Créé le 26 février 1965 par le chef de la maison royale des Comores sur autorisation du président de la République française, cet ordre était destiné à récompenser tous ceux qui avaient rendu des services distingués à l’archipel des Comores. Il était également destiné à remplacer les anciens ordres coloniaux et principalement celui de l’ordre de l’Étoile d’Anjouan, qui avait été supprimé en décembre 1963.

Réorganisé par décret présidentiel en 1992, l’ordre du Croissant vert a, de nos jours, le statut de premier ordre national et le président de l’Union des Comores l’utilise principalement pour récompenser les mérites distingués (militaires ou civils), rendus à l’archipel des Comores.

L’prdre comprend trois grades et deux dignités et le grand maître est le président de la République.

Source : Semon.fr

Nota : l’ensemble des ordres présentés dans cet articles sont des décorations étrangères qui sont (pour ceux encore existants) autorisés de port par la GCLH car conférés par une puissance souveraine.

Un grand merci aux travaux d’Olivier Menut, membre du conseil de l’ordre de l’Étoile de Mohéli, et à ceux du colonel (er) Pierre-Noël Duronsoy, membre du conseil de l’ordre de l’Étoile de la Grande Comore, qui nous ont permis de rédiger cet article.