On peut dire que les gilets jaunes ont fait entrer la MSI dans une autre dimension phaléristique.

Dans les faits, comme l’agrafe dédiée ne pouvait logiquement pas s’appeler « gilets jaunes », elle se nomme plus décemment : « engagement des forces de sécurité intérieure (EFSI) 2018-2019 ». Délivrée massivement par un arrêté du 16 juillet 2019, sa diffusion est entourée d’une certaine discrétion – mais on évoque le chiffre de 3000 pour la Gendarmerie et de 5000 pour la Police. Si ce nombre peut paraître important, il est en réalité insignifiant pour un événement qui a mobilisé pendant des mois la quasi totalité des effectifs (240 000 personnes). 

De fait, une polémique est rapidement née concernant les récipiendaires – et nous ne parlons même pas des quelques commissaires mis en cause par les médias à l’occasion de divers maintiens de l’ordre – qui ne seraient pas toujours ceux qui ont été le plus impactés par les manifestations. L’extrême gauche a d’ailleurs qualifié cette médaille de « médaille de la honte ».

Aussi la question se pose : la MSI a-t-elle été un moyen pour le ministère de l’Intérieur de calmer un début de mécontentement interne ? Rien n’est moins sûr mais, dans un contexte de millions d’heures supplémentaires accumulées par les policiers, d’une mobilisation inédite de ses forces chaque week-end, la MSI a pu apparaître comme un instrument utile pour désamorcer les tensions. Aussi, un deuxième arrêté est sorti le 3 janvier 2020 et aura pour utopique objectif de rattraper tous ceux qui ont été oubliés en juillet.

La crise des gilets jaunes a aussi révélé une autre pratique singulière. En effet, certains préfets souhaitant récompenser les forces de l’ordre de leur département – dans le temps de l’action – ont distribué quelques médailles d’honneur pour acte de courage et de dévouement (MACD), sans attendre les possibilités offertes ultérieurement par une MSI. La MACD étant directement « à la main » du préfet – contrairement à la MSI – on peut comprendre l’intérêt de cette pratique, même si la notion de mise en danger n’est pas forcément évidente au premier regard.